Cardinal et évêques
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CONCILE DE LYON : excommunication de FRÉDÉRIC II (1245)
La miniature représente le Pape INNOCENT VI présidant le Concile de Lyon où fut prononcé l'excommunication de l'Empereur d'Allemagne Frédéric II. L'envoyé de l'Empereur implore grâce pour lui.
Voici la formule d'excommunication de l'Empereur d'Allemagne :
"Bienheureux Pierre, prince des apôtres, le pouvoir de lier et de délier dans le ciel et sur la terre m'a été accordé par Dieu sur ta demande pour que je l'exerce en ton nom. Fort de cette certitude, pour l'honneur et la défense de ton Eglise, au nom du Dieu Tout Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, par ton pouvoir et ton autorité, j'interdis au roi qui s'est insurgé avec un orgueil inouï contre ton Eglise de gouverner le royaume d'Allemagne et d'Italie, et je délie tous les chrétiens du serment de fidélité qu'ils lui ont prêté ou lui prêteront ; je défends que personne le serve comme on sert un roi, car celui qui veut porter atteinte à l'autorité de ton Eglise mérite de perdre lui-même l'autorité dont il paraît revêtu. Je le charge d'anathèmes en ton nom..."
Quand il s'agissait d'un seigneur de moindre importance, la sentence était plus sévère :
"Nous décrétons que Lendaste, comte de Tours, semeur de scandale, accusateur de la reine, faux dénonciateur d'un évéque..., sera désormais séparé de la Sainte Eglise et exclu de toute communion chrétienne. Que nul chrétien ne lui dise salut et ne lui donne le baiser. Que nul prêtre ne célèbre pour lui la messe. Que personne ne lui fasse compagnie, ne le reçoive dans sa maison, ne traite avec lui d'aucune affaire, ne boive, ne mange, ne converse avec lui, à moins que ce soit pour l'engager à se repentir. Qu'il soit maudit de Dieu le Père qui a créé l'homme ; qu'il soit maudit de Dieu le Fils qui a souffert pour l'homme ; qu'il soit maudit de tous les saints... Qu'il soit maudit partout où il se trouvera, à la maison ou aux champs, sur la grande route ou dans le sentier. Qu'il soit maudit vivant ou mourant, dans la veille et dans le sommeil, dans le travail et dans le repos. Qu'il soit maudit dans toute les forces et dans tous les organes de son corps. Que du sommet de la tête à la plante de ses pieds, il n'y ait pas sur lui la moindre place qui reste saine. Qu'il soit livré aux supplices éternels."
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UN MIRACLE DEVANT UN ÉVÊQUE ET DES PÈLERINS (MF 5594 F° 67 V°).
La légende dit : « Du sermon que fit l'évesque du Puy. Et comment le fer de la lance de Monseigneur fut trouvé en Antioche dont tous les pèlerins reprirent force et courage ».
On remarquera le soin avec lequel l'enlumineur a représenté la nef de l'église d'Antioche où a lieu le prêche.
C'est, en réalité, une cathédrale gothique de cette époque.
Si l'on en croit les chroniqueurs, les miracles étaient fréquents au MOYEN AGE, ainsi d'ailleurs que les apparitions des démons et des sorcières que certains décrivent avec précision.
La foi religieuse était très vive mais les superstitions trouvaient crédit auprès du peuple ignorant. La représentation des « Mistères » excitait les esprits.
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ROBERT DUC DE NORMANDIE, fonde une abbaye et fait des dons aux moînes (vers 1100). (MF 2623, F° 40 V).
En plus de la dîme, les moines recevaient de nombreux dons des gens de noblesse qui désiraient ainsi racheter leurs fautes.
De nombreuses abbayes furent fondées par des grands seigneurs soucieux de s'attirer la miséricorde divine. Aux approches de l'an mille qui devait — selon la croyance — être fatal aux humains — les dons affluèrent dans les monastères. On vit des barons et des comtes léguer leurs fiefs aux abbés. L'église devint riche et possédait, au 15me siècle, plus de la moitié du territoire français.
Les monastères étaient d'ailleurs les seuls foyers de civilisation à cette époque. On y copiait les textes anciens, on enluminait et reliait les manuscrits ainsi constitués. La plupart du temps une école réunissait les enfants d'alentour.
Mais la règle était sévère dans les premiers monastères. Voici les recommandations de St BENOIT qui fonda l'ordre des BÉNÉDICTINS :
«L'oisiveté est l'ennemi de l'âme. C'est pourquoi, à des moments fixés, les frères doivent être occupés au travail des mains ; et, à heures fixées également, à la lecture divine. Qu'ils fassent les travaux nécessaires depuis la première heure (six heures du matin) jusqu'à la quatrième environ. De la quatrième à la sixième heure, qu'ils s'occupent à la lecture. Après sexte qu'ils se lèvent de table et fassent la sieste sur leur lit, en parfait silence, ou, si l'un d'eux veut lire, qu'il lise pour lui, de manière à ne gêner personne. Puis de nouveau qu'ils travaillent à leur tâche jusqu'à vêpres. S'il y en a un assez négligent et paresseux pour ne pas vouloir ou ne pas pou voir méditer ou lire, qu'on lui donne une tâche à faire, afin qu'il ne soit pas désoeuvré. Aux frères infirmes ou délicats, qu'on assigne une tâche telle qu'ils ne soient point oisifs, mais qu'ils ne soient pas accablés par un travail trop dur et tentés de s'enfuir».
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COMMENT ON IMAGINAIT L'ENFER AU MOYEN-AGE
Si la foi était très vive au Moyen-Age, les superstitions les plus grossières trouvaient crédit dans le peuple ignorant. On croyait aux sorciers, aux loups-garous et aux jeteurs de sont».
Combien d'innocents furent condamnés comme sorciers sur une simple dénonciation, ou parce qu'ils avaient osé émettre une opinion contraire aux croyances communes.
Les alchimistes cherchaient la pierre philosophale qui devait tout transformer en or, tandis que le peuple tremblait aux approches de l'an mille.
On voyait le diable partout, et un chroniqueur, Raoul Glaber, nous en a laissé cette description :
«Du temps que j'habitais le monastère de Saint-Léger, martyr, je vis une nuit avant matines paraître devant moi, aux pieds de mon lit, un petit monstre hideux qui avait figure humaine. Il me semblait avoir, autant que je pus m'en assurer, une taille médiocre, un cou frêle, une figure maigre, les yeux très noirs, le front étroit et ridé, le nez plat, la bouche grande, les lèvres gonflées, le menton court et effilé, une barbe de bouc, les oreilles droites et pointues, les cheveux sales et roides, les dents d'un chien, l'occiput aigu, la poitrine protubérante, une bosse sur le dos, les fesses pendantes, les vêtements malpropres, enfin, tout son corps paraissait d'une activité convulsive et précipitée... »
(texte des années 1950)
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Livre de Durrow - Page symbole au début de l'évangile de saint Jean
Le livre de Durrow est un évangéliaire datant vraisemblablement du début du VIIIème siècle. Son texte, écrit en une belle majuscule irlandaise d'apparat, est une version de la Vulgate associée à quelques textes antérieurs.
La décoration du livre est abondante et très méthodiquement répartie. Elle comporte les trois types d'ornements qui seront la base de toute la décoration des manuscrits plus tardifs : entrelacs, spirales et décoration zoomorphique. Les couleurs sont en petit nombre : un vert profond, un jaune éclatant et un rouge de plomb. Des pointillés interviennent souvent, soit qu'ils suivent le dessin, soit employés en zone compacte.
Chaque évangile débute par une page portant le symbole de l'évangéliste. Cette page est bordée d'un cadre étroit d'entrelacs, gros rubans à peine tissés avec des angles droits ou aigus. Le symbole, de dessin simplifié, "flotte" dans un vaste champ de parchemin, mis en valeur par le contraste entre les mosaïques de couleurs dont il est revêtu et la surface unie. Ceci aboutit à des effets d'une clarté étonnante. Mais l'assurance de cette façade ne dissimule complètement ni un certain fond de sauvagerie, ni l'impétuosité d'un art en plein élan créateur.
Extrait de « l'Art Irlandais », éditions du Zodiaque. Photo Belzeaux - Zodiaque.
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